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I/ Des Antigone bien différentes

 

1) Présentation du texte théâtral

 

a) caractéristiques : liste des personnages avant la pièce, dialogue et didascalies. Le texte de Rotrou est divisé en actes et en scènes.

b) répliques

c) les 5 premières lignes sont des didascalies

 

2) Comparaison

 

différences :

Antigone de Rotrou : Il traite de la bataille entre les deux frères (thébaïdes) et Jocaste se suicide juste avant la mort de son fils.

 

Il n'y a pas de chœur, il est remplacé par Cléodamas et Ephyte.

 

Par contre, il y a en plus :

Jocaste, Etéocle, Polynice, Adraste, Argie, Ménète et le chef des grecs.

 

Antigone d'Anouilh : il manque le prêtre Tirésias, car le but d'Anouilh est de laïciser la pièce. Les dieux ne préviennent plus Créon, ils sont absents.

 

Par contre, il y a en plus :

la nourrice, qui nous montre une Antigone familière et aimée des siens.

 

3) Schéma actanciel

 

Sujet, héros : Jason

Objet : obtenir le pouvoir et le trône

Émetteur : (= celui qui commande la quête) Le roi Pélias

Destinataire : le roi Pélias

opposants :les difficultés du voyage, le roi de Colchide et ses épreuves, AEtès , Le dragon gardien de la toison

adjuvants : Médée et ses sortilèges, les dieux

 

Antigone de Sophocle

 

héros : Antigone

objet : enterrer son frère, obéir aux dieux

émetteur : les dieux

destinataire : les dieux veulent la mort d'Antigone, Hemon et Eurycide

opposants (les plus puissants) : Créon, Ismène, Les gardes

Adjuvants : aucun

 

Antigone de Anouilh

 

héros : Antigone

Objet : enterrer son frère pour sa fierté

émetteur : Antigone

destinataire : Antigone

opposants : Créon, smène, Les gardes, La nourrice

adjuvants : aucun

 

Remarque : le nombre et la puissance des opposants et l'absence d'adjuvants est caractéristiques de la tragédie. Le héros est un pantin commandé par les dieux. Le destin est inéluctable, inexorable, implacable.

La tragédie de l'Antiquité au XVII ème siècle est différente de celle du Xxème siècle : au Xxème siècle, il n'y a pas de destin décidé par les dieux.

De plus, ce geste est absurde, Antigone n'a de sens que pour elle.

 

II/ Médée et l'orgueil

 

1) Médée, un mythe au théâtre

 

Médée est un personnage mythologique. C'est la fille du roi de Colchide, à qui Jason et les argonautes viennent demander la Toison d'or. Elle tombe amoureuse de Jason et utilise pour lui ses pouvoirs magiques contre son père. 4 pièces racontent le même épisode : Jason en fuite avec Médée et leur(s) enfant(s) se voit offrir par le roi de Corinthe, Créon, le thrône et sa fille Créuse : il abandonne Médée.

 

Héros : Médée

objet : se venger, faire souffrir Jason, tuer ses enfants

émetteur : les dieux / Médée

destinataire : les dieux / Médée

opposants : la nourrice, Jason qui veut être heureux, Créon qui le protège, Créuse, les Corinthiens, Médée elle-même et son amour maternel

adjuvants : aucun

 

2) Étude du texte de Corneille, I, 5

 

Les questions des vers 7 et 12 servent à changer l'attitude de Médée, qui se comporte comme une reine, la faire réfléchir. Ce sont des questions rhétoriques. À la ligne 12, la question est plus directe, on attend « rien » comme réponse, mais Médée répond « moi » et est orgueilleuse. C'est inattendu.

Mise en valeur : contre-rejet (la fin du vers commence la réplique)

répétition

Les figures de style dans les vers 14 à 16 sont l'antithèse et l'énumération (terre/mer ; enfer/cieux).

 

Conclusion : Médée se prend pour la totalité du monde, pour tout et son contraire et elle se compare à l'instrument de Zeus avec une métaphore. Elle est orgueilleuse.

 

3) Comparaison entre les extraits Corneille / Anouilh

 

Dans les deux cas elle parle à une servante. Chez Anouilh, c'est la nourrice (plus âgée) et chez Corneille, c'est Nérine. Le vocabulaire est moins soutenu chez Anouilh, et a moins de figures de styles. Chez Corneille, ce sont des vers (Alexandrins) et des rimes. Médée est folle car elle se prend pour la totalité du monde. Chez Anouilh, elle est folle car elle veut se venger mais ce sera difficile, voire impossible.

 

Conclusion : Médée est frappée par les dieux car elle se prend pour tout leur égale. Elle est l'orgueil personnifié.

 

III/ La délibération tragique : Andromaque de Racine (1667) III, 8

 

1) résumé de la pièce + schéma actanciel

 

héros : Andromaque

objet : garder le souvenir de son mari (ne pas se remarier et garder Astyannax, son fils, vivant)

émetteur : les dieux

destinataire : les dieux

opposants : Oreste, les Grecs, Pyrrus

adjuvants : aucun

 

Oreste aime Hermione qui aime Pyrrus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort : c'est une chaîne d'amour sans retour.

C'est une tragédie sur les ravages de l'amour :

-Andromaque en oublie l'instinct de survie maternel

-Pyrrus en oublie l'intérêt politique

-Hermione et Oreste deviennent criminels

 

2) Étude du texte acte III scène 8

 

Andromaque doit faire un choix : laisser tuer son fils ou se marier avec Pyrrus.

C'est une délibération

Le problème d'Andromaque est que dans les deux cas, elle négligera le souvenir d'Hector.

 

délibération= moment de réflexion durant lequel on pèse le pour et le contre avant de prendre une décision

dilemme = alternative composée de 2 propositions entre lesquelles il faut choisir. Dans la tragédie, le dilemme rend toujours le héros malheureux.

 

Il y a une solution préférable, qui est épouser Pyrrus. Il y a quand même des marques de l'hésitation :

-elle se pose des questions : « dois-je »

-les points d'exclamation montrent l'embarras

-vers 16 à 35, elle a besoin de se souvenir de la destruction de Troie et de la mort d'Hector pour refuser le mariage avec Pyrrus

-elle transforme Pyrrus en bête féroce

-elle s'adresse à des absents

-elle veut consulter un mort.

La difficulté d'Andromaque à résoudre le problème produit chez elle une sorte de follie.

 

IV/ Iphigénie

 

1) Racine, acte V scène 4

 

héros : Agamemnon

objet : sacrifier sa fille

émetteur : Agamemnon, les dieux

destinataire : les dieux

opposants : Clytemnestre, Achille

adjuvants : aucun

2) Étude du texte : une plainte tragique

 

tragique = ensemble de procédés qui exprime le malheur du héros (destin imposé par les dieux), pas d'espoir.

pathétique = ensemble de procédés qui exprime la souffrance du héros, causée par le malheur (afin de faire naître la pitié / compassion).

 

Iphigénie est frappée par un événement injuste et tragique : ce sont les dieux qui demandent son sang. Champ lexicaux : le sang versé, le malheur et la mort :

-v. 8 : fer de Calchas = poignard qui sert au sacrifice (métonymie)

-v. 15-16 : vie ravie = elle va perdre sa vie, elle va lui être enlevée.

 

C'est une mort injuste car elle est une fille parfaite, obéissante.

Champ lexical du destin (décidé par les dieux)

-v. 17 : sévère, elle souligne l'injustice

-v. 43 : dessein, il a été décidé

Iphigénie appelle à la compassion. Il n'y a pas de plainte directe car elle veut persuader. Elle insiste sur l’injustice et reste sobre, mais elle laisse échapper les mots « hélas » v. 25 et « sévère destin ».

Son comportement est stratégique : elle instille le doute. « ma mort est-elle inévitable ? »

vers 7 : « s'il le faut » <=> « le faut-il vraiment ? »

vers 29 : « je ne m'attendais pas »

Elle est émue, mais pas trop : un seul point d'exclamation (hélas!). Elle en appelle à l'amour paternel et évoque ses souvenirs d'enfance v.19 à 24 « doux nom de père », « caresse »

 

Conclusion : c'est un texte tragique mais pas de pathétique, elle manipule plutôt qu'elle n'en appelle aux émotions :

1) elle fait voir une mare de sang

2) elle appelle à l'amour de son père

3) elle évoque les conséquences de sa mort

 

V/ Phèdre, Racine : le dénouement tragique

 

1) résumé et schéma actanciel

 

héros : Phèdre

objet : un passion amoureuse mais incestueuse

émetteur : Vénus (dieux)

destinataire : les dieux

opposants : Hippolyte, Aricie, Thésée, Phèdre elle-même

adjuvants : Oenone

 

2) étude du dénouement

 

Hippolyte meurt traîné par ses chevaux après avoir combattu un monstre marin.
Phèdre s'empoisonne après avoir avoué la vérité.

Oenone se noie (suicide).

Seule Phèdre meurt sur scène : elle prend le temps de disculper Hippolyte.

Comme c'est difficile de représenter la mort d'Hippolyte sur scène, il y a un récit fait par Théramène (faute d'effets spéciaux). C'est un récit à posteriori. Théramène fait une tirade, il s'adresse à Thésée.

 

3) Les règles du théâtre classique (XVIIème siècle)

 

1- la règle des 3 unités

-unité d'action : une seule intrigue

-unité de temps : l'histoire se passe en 24 heures si possible (temps de la représentation)

-unité de lieu : lieu et décor uniques (neutre).

 

2 – les règles d'expression

-en vers

-aucune vulgarité, langage soutenu

 

3 – la règle de bienséance

-pas de violence sur scène

-pas d'évocation aux relations amoureuses

-pas d'évocation au corps (ni repas,…) sur scène

 

Boileau les met en forme dans « Arts poétiques » + influence des académies.

 

Conclusion : l'idéal du XVIIème siècle est un idéal de mesure (le but est de montrer qu'il faut être sociable, non orgueilleux, aimabe…)

 

VI/ Le tragique et la tragédie

 

TRAGIQUE :

 

C'est un registre (ensemble de procédés) destiné à produire un effet sur le lecteur / spectateur où le héros est confronté à un malheur qui le dépasse, à la fatalité, à la mort.

Les procédés sont les suivants :

-lexique de l'honneur / du destin inexorable, inéluctable, implacable. Le tragique est dans la situation plus que dans les mots.

-antithèse entre effort et échec ou encore entre innocence et souffrance.

-exclamations de surprise devant ce qu'il se produit + lamentations, supplications + expression de la souffrance (registre pathétique).

 

TRAGÉDIE :


Pièce de théâtre dans le registre tragique, c'est-à-dire où le héros est confronté à un destin contraire ou doit faire un choix qui le rendra malheureux (dilemme). La fin est malheureuse. Les personnages sont de rang élevé.

Remarque : Au XVIIème siècle, c'est un genre très codifié : règles des 3 unités, de la bienséance et d'expression.

 

La tragédie suscite différents sentiments chez le public :

-horreur à l'égard de ceux qui dépassent l'homme

-pitié à l'égard de la victime à laquelle on s'identifie

de sorte que nous soyons dissuadés d'avoir les mêmes passions que le héros tragique (orgueil). Les grecs parlaient de catharsis (purgation des passions).

Chapitre 4 : "Ce n'est pas un drame, c'est une tragédie"

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